jeudi 25 juin 2009

Analyse du discours de Nicolas Sarkozy, devant le congrès réuni à Versailles le 22 juin 2009

Les réactions ont été unanimes : tout ça, pour ça ! Faut-il encore décrypter dans le détail ce qui a été dit…

Et ça commence fort, puisque notre président déclare que le temps est venu « que s’établissent entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif des rapports plus conformes à l’esprit d’une démocratie apaisée (…) ou tout le monde s’écoute et se respecte» : voilà typiquement une phrase creuse qui est là pour argumenter le changement constitutionnel grâce auquel il peut s’exprimer en personne devant le congrès… Comment peut-il respecter les députés de sa majorité… alors que ces derniers sont clairement aux ordres et tenus en laisse par un possible retrait de leur investiture UMP aux prochaines législatives ? Contrairement au système américain, où la liberté de vote est totale, nos députés doivent répondre à une exigence de « solidarité » avec leurs camps !!! Combien de fois ont-ils été rappelés à l’ordre par leur président de groupe ?

Ensuite, il nous parle de la crise… et nous dit que tout va changer, que le message de la France dans la monde « sera mieux entendu et mieux compris », que « le modèle français a de nouveau sa chance »… De nouveau, vous entendez !!! Lui qui fait tout pour le détruire petite touche par petite touche, voici qu’il nous dit que ce modèle est bien ?!!… C’est pour mieux se rattraper et déclarer moins de 10 lignes après que « dans le nouveau modèle de croissance… une place plus grande doit être faite au travail… ». Que croit-il ? Qu’on se tourne les pouces tous les jours… ?

Et le voilà qu’il vante « notre culture du service public, notre savoir faire dans l’articulation entre le secteur privé et le secteur public »… Pouvez-vous me pincer ? Je rêve ! Tout ça pour ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux en partance à la retraite… ? Que cette décision soit bonne ou non, le problème n’est pas là. Le souci, c’est qu’il dit le contraire de ce qu’il fait !!

Sur le sujet de nos départements d’outre-mer, voilà qu’il se plait à être compatissant… alors que si la crise guadeloupéenne a duré si longtemps, et si elle a fait temps de mal et provoquer un si grand désastre économique… c’est tout simplement du fait d’une gestion méprisante de la situation. Mais voilà, une semaine avant sa visite sur place, il dit avoir un grand cœur… !!!

Et puis, au détour d’une petite phrase, les vieux démons de la guerre des classes réapparaissent : « si l’Etat… avait été du côté des entrepreneurs… la France aurait résolu beaucoup de ces problèmes… » : Entendez : pour que la France aille mieux, il faut faire confiance aux patrons !!! Ceux là même qui, malgré de gros bénéfices, licencient à tour de bras?

Les phrases creuses réapparaissent : « Nous mobiliserons des moyens nouveaux dans la réindustrialisation des bassins d’emplois en difficulté ». Oui, mais encore… c’est quoi c’est moyens nouveaux ??

Plusieurs lignes après, le voici qu’il pose la question de la fiscalité sur les entreprises qui est pour lui responsable des délocalisations… il faut donc supprimer les « charges fixes trop lourdes », supprimer la taxe professionnelle, au risque d’assécher les collectivités locales, qui ne pourront qu’augmenter les impôts locaux !! Mais pas un mot sur les véritables causes de ces délocalisations : pas un mot sur les écarts de salaires entre ici et là-bas !! Pas un mot sur un nécessaire protectionnisme à l’échelle européen !!

Je ne retiens de ce discours que deux points positifs : l’abandon de la notion de discrimination positive et des critères ethniques pour passer à des critères sociaux. Et l’affirmation claire de l’opposition entre nos valeurs et le port de la burka.

Pour le reste… il s’agissait plus d’un discours d’un avocat candidat que d’un président. C’est bien dommage… tout ça, pour ça !

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