jeudi 24 mars 2011

Intervention militaire en Libye: Quelles motivations ? Quels risques ?


Pour que les choses soient claires, il convient en préambule de préciser qu'il était effectivement insupportable de laisser Kadhafi écraser dans le sang l'opposition libyenne. Il convient aussi de préciser que l'intervention actuelle et notamment celle des premiers avions français a sauvé les hommes, femmes et enfants de la ville de Benghazi d'un horrible carnage.

Cela fait, nous pouvons tout de même nous poser quelques questions:

Quelles étaient les motivations de Nicolas Sarkozy ?

Faut-il avoir peur de dire que la France avait complètement raté la gestion du début du printemps arabe? Rappelons simplement les vacances de Noël de Mme Alliot-Marie en Tunisie, et ses propos malheureux à l'Assemblée Nationale. Les vacances de François Fillon en Egypte et celle de Henri Guaino en Libye... Et surtout l'insupportable silence de la France alors qu'un mouvement historique avait lieu au plus prêt de ses frontières. Au début de la révolution libyenne, le souvenir de l'accueil fait à Muammar Kadhafi à Paris ainsi que l'évocation d'une possible vente d'une centrale nucléaire à la Libye évoquée en octobre dernier finissaient d'assombrir le tableau... alors que les Etats-Unis occupaient le devant de la scène en trouvant les mots justes et les actions adéquates pour soutenir ces révolutions.

Ainsi, quelques heures avant le premier tour des élections cantonales, et après s'être laissé convaincre par Bernard-Henri Lévy, Nicolas Sarkozy essayait de reprendre la main sur ce qui était déjà perçu comme un fiasco... sans avoir forcément prévenu son tout nouveau ministre des affaires étrangères...

Cette décision a été prise, rappelons le, alors que les révolutionnaires libyens étaient en déroute et que Muammar Kadhafi reprenait une à une les villes perdues.


Quelles sont les risques de cette intervention militaire ?

A six jours du début de notre intervention, il semble clair que les révolutionnaires ne sont pas en mesure de reprendre le dessus. La situation militaire sur le terrain risque de se figer. Et si cette intervention devait durer, le risque est qu'elle soit perçue au fil du temps comme étant une véritable "croisade" par les pays arabes. Cela ne rappelle-t-il pas, par ailleurs, une phrase sortie de la bouche de Claude Guéant, notre nouveau ministre de l'intérieur ?...

Enfin, cette intervention risque de créer une véritable guerre civile tribale. L'exemple de l'intervention occidentale en Afghanistan fait froid dans le dos. Et le chaos créé en Irak n'est pas non plus très réjouissant... En d'autres termes, le mieux est parfois l'ennemi du bien... et le mieux créé parfois plus de victimes que le bien...


Voilà donc intéressant de mettre côte à côte les motivations, et les risques d'une intervention... L'avenir nous dira si effectivement c'était la bonne décision, ce qui aujourd'hui n'est pas évident...

dimanche 13 mars 2011

La sortie du nucléaire n'est pas le problème... ni la solution !

Après le terrible tremblement de terre qui vient de toucher le Japon, nous nous rendons compte avec effroi qu'au sein des centrales nucléaires japonaise... "tout" n'a pas été prévu !!

Car lorsqu'un écologiste s'inquiète et dit que le nucléaire présente d'énormes risques... il y a toujours un expert pour dire que les normes sont telles que "tout" est prévu, que "toutes" les sécurités existent... et qu'il n'y a pas à s'inquiéter...

Eh bien, voilà !!!

Malheureusement d'ici quelques années (ou plus si le désastre se produit...), ces mêmes experts (ou la génération suivante...) toujours plein d'optimisme nous tiendront encore le même discours... "tout" est prévu, ne vous inquiétez pas...

Le danger, c'est donc l'optimisme, les statistiques... et le place du curseur entre le prix d'une centrale, les statistiques et le risque que l'on s'accorde.

Daniel Cohn-Bendit vient de demander "que le programme d’alternative de la gauche lance un grand débat d’un ou deux ans et organise un référendum sur la sortie du nucléaire et ses modalités". Pour ma part, je ne pense pas que cela soit crédible, tant sur le plan écologique qu'économique... et la crédibilité, la gauche, elle en a plus que jamais besoin...

Non, ce qu'il faut c'est écrémer le secteur du nucléaire de tous ses optimistes béats (dans ce domaine, seuls les obsessionnels pessimistes doivent être recrutés...) et se donner les moyens d'atteindre le risque zéro: parer à TOUTES les éventualités... et oui, ça coûte plus cher... mais pour nos enfants ce sera mieux...

Utopique, vous avez dit... oui, sûrement !

mardi 8 mars 2011

Marine Le Pen à 23% dans les sondages... merci qui ?

Dans deux récents sondages réalisé par Harris Interactive pour le Parisien, Marine Le Pen arrive en tête des intentions de vote au premier tour de la présidentielle de 2012... Et tout le monde de discuter de la pertinence de ces résultats... avec moultes arguments techniques qui n'intéressent finalement que les sondeurs... Car ce qui semble indiscutable, c'est tout simplement la percée du Front National dans les intentions de vote depuis quelques mois. Et là dessus, tous les instituts sont d'accord.

Mais cela grâce à qui ? Certains y voient l'effet des multiples envolées du chef de l'état sur les roms, l'islam, les musulmans et l'identité nationale. D'autres pensent que cela est surtout dû aux éternelles dissensions et à l'absence de véritable chef de file au sein du Parti Socialiste. La vérité est assurément à mi-chemin.

Oui, Nicolas Sarkozy est en partie responsable de la progression du Front National. A force de jouer avec les thèmes de ce parti et de titiller la ligne rouge, à force de jouer du communautarisme et de monter les français les uns contre les autres... voilà que certaines personnes vont préférer l'original à la copie... surtout lorsque l'original passe beaucoup mieux que son père... et qu'elle dérape moins... et qu'elle parait plus sage, moins dangereuse... Nicolas Sarkozy, qui se gargarisait d'avoir torpillé le FN en 2002, risque bien de voir lui revenir le boomerang en pleine figure... surtout lorsque, au bilan de ces 5 années de présidence, il ne lui restera que les mots et aucun résultat probant... La déception est là... Enfin, après avoir tout osé par souci électoral, comment expliquer que ces thèmes sont dangereux et jouent plus sur les peurs de la population que sur des réalités ... Nicolas Sarkozy s'est enfermé dans ces thèmes et est presque condamné à la surenchère...

De leur côté les socialistes ne sont évidemment pas en reste: leurs dissensions risquent à nouveau d'éclater au grand jour. Nous en avons un exemple avec la très récente charge d'Arnaud Montebourg contre la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône... Alors que Martine Aubry, prudente, cherche à ne pas diviser son camp à presque un an de la présidentielle... Mais surtout, ce qui fait leur grande faiblesse depuis le départ de Francois Mitterand, c'est qu'ils ne savent plus parler au monde ouvrier, la base historique de leur électorat... J'évoquais déjà ce problème en 2009... Il reste encore malheureusement d'actualité... "Pour nous défendre, il n'y a plus que le FN !": c'est ainsi que que les sympathisants ouvriers du FN s'expriment !

Déception d'un côté, erreur de rhétorique de l'autre... Trop de populisme d'un côté, pas assez de l'autre... voilà qui va faire la joie du FN !!!